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La santé mentale : enfin on en parle !

  • Photo du rédacteur: Carine Berger-Delas
    Carine Berger-Delas
  • 12 mars
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 12 mars

La santé mentale est taboue en France en raison d'un héritage culturel associant les troubles psychiques à la folie et à l'enfermement, ainsi que d'une vision médicale privilégiée les maladies physiques.

La pression sociale valorise la performance, rendant difficile l'acceptation des fragilités psychologiques. De plus, le vocabulaire courant renforce aussi les préjugés sur la santé mentale : les expressions comme « être fou », « c'est dans ta tête » ou « il est dépressif, mais il n'a pourtant pas de raison de l'être » banalisent et minimisent ces troubles.

Toutefois, la situation évolue grâce aux campagnes de sensibilisation, à la médiatisation du sujet et à une prise de conscience accumulée, notamment depuis la crise du COVID-19.


Malgré l’importance des troubles psychiques, la santé mentale reste un sujet largement sous-estimé.

La moitié des Français estiment "que seuls 10% de la population est touchée par une maladie psychiatrique, soit deux fois moins que la réalité", révèle le communiqué Collectif Santé mentale 2025.


Le constat :

Les maladies mentales touchent près d'une personne sur 5, soit 13 millions de Français. 

La France est le pays où la consommation de médicaments psychotropes est la plus élevée : plus d'un quart de la population consomme des anxiolytiques, des antidépresseurs et des somnifères. 

La dépression touche 15 à 20 % de la population et 3 millions de personnes souffrent de troubles mentaux graves. 

Le suicide est l’une des principales causes de décès chez les 15-35 ans, avec 8 300 décès en 2017. 

Au total, les dépenses consacrées aux problèmes de santé mentale dépassent 23 milliards d’euros par an, ce qui en fait la plus grosse dépense de l’assurance maladie.


Selon le baromètre santé 2021 de Santé publique France, le taux d'épisodes dépressifs en France a fortement augmenté, passant de 9. 8% à 13. 3 % entre 2017 et 2021, notamment chez les jeunes adultes, en hausse de 11 %. 7% à 20. 8%. 

Les femmes, les personnes seules, les familles monoparentales et les personnes en difficulté financière sont confrontées à des risques plus élevés de dépression. 


La santé mentale compte

En décembre 2022, un tiers des personnes interrogées ont déclaré souffrir d’anxiété ou de dépression, et une sur dix avait des pensées suicidaires.


La santé mentale des Français, aggravée par la crise sanitaire, peine à s’améliorer, affectée par les impacts à long terme de la pandémie et par les problématiques actuelles comme l’inflation, le changement climatique, les différents conflits géopolitiques. 


Une prise de conscience :

Pour répondre à ces défis, le gouvernement a lancé une politique de santé mentale forte et durable.


Formation aux Premiers Secours en Santé Mentale (PSSM)

Lancé en 2019, le programme PSSM permet de former des secouristes capables de mieux repérer les troubles en santé mentale, d’adopter un comportement adapté, d’informer sur les ressources disponibles, d’encourager à aller vers les professionnels adéquats et, en cas de crise, d’agir pour relayer au service le plus adapté.

Il s’inspire de la formation aux premiers secours physiques, mais intègre une logique d’urgence différente : un secouriste en santé mentale devra souvent intervenir à pl



usieurs reprises pour écouter, rassurer et accompagner la personne concernée vers le soin.


Reconnaissance de la Santé Mentale comme Grande Cause Nationale 2025

En octobre 2024, le Premier ministre Michel Barnier a annoncé que la santé mentale serait la « Grande Cause Nationale » de l'année 2025.  Cette initiative vise à sensibiliser le public et à mobiliser les ressources nécessaires pour améliorer la prise en charge des troubles psychiques. https://www.info.gouv.fr/actualite/la-sante-mentale-grande-cause-nationale-en2025



L'impact du stress sur la santé mentale :

Le stress est une réaction physiologique normale face à une situation perçue comme menaçante ou exigeante. Cependant, lorsqu'il devient chronique, il peut avoir des effets délétères sur la santé mentale, contribuant à l'apparition de troubles psychologiques graves tels que l'anxiété, la dépression et l'épuisement professionnel. Dans un monde où la pression sociale et professionnelle ne cesse de croître, comprendre l'impact du stress sur la santé mentale est essentiel pour mieux prévenir ses effets et protéger notre bien-être psychologique.



Le stress crée des désordres psychologiques et neurologiques

Grâce à l’évolution des technologies et notamment les techniques de neuro-imagerie fonctionnelle (elles permettent de localiser les zones du cerveau qui sont activées ou inactivées suite à un stimulus), la science a pu faire la relation entre le stress chronique et les troubles des fonctions cérébrales.


Par exemple, une étude* de l’équipe du Dr Luc Maroteaux à l’Institut du Fer à Moulin à Paris datant de 2020, a démontré qu’un stress chronique favorise l’émergence de troubles dépressifs et suicidaires chez les personnes vulnérables.

Au niveau biologique, un stress prolongé peut induire une perturbation du système de la sérotonine et une neuro inflammation, avec notamment une activation des cellules immunitaires présentes dans le cerveau (microglie).  Ces données suggèrent que la sérotonine et la neuro inflammation pourraient avoir un rôle dans la survenue d’une dépression induite par le stress. 


La science** a aussi mis en lumière le fait que le stress prolongé est à l'origine de troubles cognitifs. En effet, la neurogenèse, c’est-à-dire la formation de nouveaux neurones, se produit dans l’hippocampe, région du cerveau située sous le lobe temporal. Hors, l’augmentation du taux de cortisol altère la neurogenèse et atrophie l'hippocampe. Ces facteurs favorisent ainsi la dépression.

Il a également été établi que le stress chronique entraîne des changements dans les structures et les fonctions cérébrales, en particulier dans l'hippocampe, l'amygdale et le cortex préfrontal, qui sont essentiels à la mémoire, à l'apprentissage et aux fonctions exécutives. Les altérations des neurotransmetteurs, tels que le cortisol et les catécholamines, jouent un rôle important dans les troubles cognitifs liés au stress.



Le stress est un facteur de risque majeur pour la santé mentale, mais ses effets ne sont pas irréversibles. Une meilleure connaissance de ses mécanismes et une approche globale de prévention permettent de réduire son impact. Intégrer des stratégies de gestion du stress dès le plus jeune âge, sensibiliser la population et renforcer l'accès aux soins sont autant de leviers essentiels pour protéger notre bien-être psychologique dans un monde toujours plus exigeant.



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